Comme moisissure

Jours, trainant sur toutes choses comme moisissure
Pierres mortes, argentées par la ballade nocturne des limaces;
Clair de lune cendré, rostre d’un voyage oublié ;
La nue se voûte sur une lancinante attente ;

Galalithe nature aux senteurs de pétun…
Que s’ouvre un œil d’entomologiste
Dans ton visage mafflu ;
Et que le gymnote éclaire enfin la berge ;

Silhouettes de brume prennent chair ;
S’anime la grande fumée immobile ;
S’envole cette désolation en une nuée de foulques
Dans un ciel apaisé, chassant peine et ennui.

Sur les starting-blocks

Sur les starting-blocks…

L’arrivée de nouveaux dérisionnaires adoucit le départ d’anciens auxquels je m’étais attachée.

J’ai hâte d’assister, une fois encore, à la magie de l’atelier : Les plus aguerris entrainant les nouveaux venus dans leur élan, et se nourrissant en même temps de la spontanéité des “novices”.

Les uns apportent aux autres, dans un mouvement ascensionnel ; Anaïs nous rejoint, et elle fait déjà partie intégrante de l’équipe.

J’ai hâte d’accompagner ses premiers pas sur le plateau, d’assister à son joyeux étonnement, la voir se surprendre et surprendre ses camarades de jeu.

Vivement !

Frisson de brise

Frisson de brise ;
Almes remous ;
Du profond miroir
De la langueur ;

Froufroute le soyeux
D’un vol de noctuelles ;
Fini de drosser
Repos aigrefin ;

Que l’étoupe salvatrice
Me sauve de l’anoxie ;
Ébranle l’espace jusqu’aux nuées ;
Regard vissé sur l’horizon.

Fantômes d’arbres

Fantômes d’arbres ;
Découpe bleue
Pailletée de brume ;
Glissent au fil de ma course ;

Lueur mouvante
Piquée dans la nue ;
Splendeur mélancolique ;
Glisse mon brick perdu ;

Douceur de regards que la vie exila ;
Églogue ingénue
À une fringale posthume ;
Glisse mon amertume.

Je caresse du front les nuées

Je caresse du front les nuées ;
Dans un paysage bleui ;
Par un crépuscule naïf ;
Délivré d’une poussière corrodante ;

Point besoin de trocart ;
Je connais le fluide ;
L’orbe de l’astre ;
Ambrant la moraine ;
Tranchant pierreux, douceur saxifrage…

C’est l’heure où le tout s’apaise ;
Happé par quelque être fumivore ;
La rage faisant buisson creux ;
Dans un effluve alliacé.

Escamotée comme une muscade

Escamotée comme une muscade ;
Cette pluie au carrefour d’ombre ;
Cascatelles médicastres ;
Sur une terre trop asséchée ;

Point de ladrerie pourtant ;
Pas plus de félonie ;
La ville respire à nouveau ;
Rodomontade aux grincheux ;

Activant mes pattes de iule ;
Dans un flocon de brume ;
Je ravis mon andrinople optimisme ;
Aux escarpes avides.

Découverte du prochain projet

Dix membres de l’équipe se sont réunis au cœur de l’été pour découvrir le prochain projet et visionner “Crapulâs, Maître du Monde”, le film du spectacle présenté en Juin dernier au Théâtre de l’Opprimé.
Exclamations de joie et éclats de rire, lors de la lecture à la table de la pièce de la saison prochaine, “Les Odieux” écrite par Jean-Christophe Ditroy.
Ça promet !

Le visionnage les a ravi et grandement surpris à la fois en découvrant de l’extérieur la lumière dans laquelle ils ont évolué et la qualité du travail qu’ils ont offert au public.
Quelle belle équipe !

Un pincement au cœur à l’annonce qu’une des nôtres ne pourra pas repartir avec nous dans l’aventure de la saison prochaine.

Trois poussins manquent à la couvée pour compléter l’équipe en Septembre prochain, et habiter les 12 succulents personnages de la pièce à venir !

L’occasion pour de nouvelles recrues de venir nous rejoindre, alors, à très vite, chers nouveaux Dérisionnaires !

Que ma bouffarde odorante

Que ma bouffarde odorante ;
Pommelle joliment les cieux ;
À l’Ouest où traine encore ;
Un dernier rougeoiement ;

Vilaines solitudes ;
Friselis mélancolique ; 
Plantes rudérales ;
Carillon fantôme ;

Je serre de près le vent du large…

Miroir tavelé ;
Remugle méphitique;
Je fouaille mon inquiétude, 
d’une main de forban.

Hâve jardinet de l’attente

Hâve jardinet de l’attente ;
Poudré de fraisil ;
S’effilochent les brindilles vertes des viornes;
À l’oxhydrique lueur ;

Vilainement madrée ;
D’une impatience plébéienne ;
Narine palpitante ;
Je guette votre venue;

Frappent les trois coups du régisseur ;
Comme musique tellurienne ;
Viscères épinglés de pariétaires;
Avenez, chenapans !

Goule mâtine

Goule mâtine ;
Hoquet de boqueteau ;
Ouest teinté du sang du jour ;
Nimbant l’oseraie ;

Homoncules, gringalets ;
Misérables paltoquets ;
Disparaissent sans bruit ;
Au goudron des ténèbres ;

Accore paroi ;
Desserre ton étreinte ;
Que s’affranchisse enfin ;
Mon impertinent voyage.

Hâves silhouettes

Hâves silhouettes ;
Êtres de fumées délétères ;
Disparaissent enfin ;
Dans l’haleine de bruyère ;

Couardise de l’ombre ;
Lame d’airain
D’une faucille lunaire ;
Berlue polissonne ;

Erre la tristesse ;
D’orée en orée ;
Plus vaine que le vent ;
Dans la flouve odorante.

Nuit d’encre, nuit muette

Nuit d’encre, nuit muette ;
Parfum de rocambole ;
À l’amble d’une haquenée ;
J’erre en ce grimoire ;

Effleurement de noctuelle ;
En cette heure de bitume ;
Ébaubie ;
Guettant la clarté livide d’un éclair.

Grasseye, sous le vol de l’hobereau ;
Mollesse écœurante de la poix ;
Lueur neigeuse du salpêtre ;
Corpuscule dans le ciel infini, je prends mon envol.

Fanal à l’horizon

Fanal à l’horizon ;
Fin de nos tribulations ;
S’envolent nos pensées ancillaires ;
Tels des vilains ;

Ivres de liberté ;
Laissons libre cours à nos toquades ;
Plus besoin de potard ;
Ripostons avec usure ;

L’incarnat de notre énergie ;
Chasse le portefaix ;
Vive les dérisionnaires ! Vive !

Mon héliotropisme bégaie

Mon héliotropisme bégaie ;
Au rythme de la pluie zézayante ;
Qu’elle danse au moins en bulles joyeuses ;
Tendez-moi le coquemar !

Point d’idiopathie ;
Fi d’oxymores ;
Du soleil, nom d’un fiacre ;
Ne se fige le raisiné !

Capitules atrophiés;
Sous la voûte funeste ; 
Dans la ville liquide ;
Je guette une clarté solaire…

Ventre-saint-gris !

Mascaret déferlant;
Lumière palpitante ;
Ma vue se brouille ;

Pallide silhouette ;
Bleue d’ombre dure ;
Je suis Ahasvérus ;
Mastouche dans la bourrasque ;

Cocasse soit ma bataille ;
Dans ma fureur andrinople ;
Fifrelin dites-vous ;
Qu’importe ! Fi de gélines conventuelles !

Wharfs oubliés…

Désuète hésitation ;
Danse d’entre deux rives ;
Au caprice d’une bourrasque ;

Parfum vulnéraire ;
Étoile les ténèbres ;
Brasille les flots ;
Raccourcit les ombres ;

Adieu galetas ;
Détresses putrides ;
Livide du ciel ;
Piteuse ferblanterie ;

Draine diserte ;
Intempérance chérie ;
Chante le Cramoisi ;
D’un vernal amphitryon.