Vous pouvez découvrir ici les textes écrits par Frédérique Torrès — metteuse en scène de “ La Compagnie des Dérisionnaires”— qu’elle met également régulièrement en ligne sur sa page Facebook : Frédérique Torrès-Théâtre
Tout est poursuite du vent
Tout est poursuite du vent,
Son de métal tendu ;
Dans un néant brumeux
L’imagination colore l’abîme ;
Les circonstances ont mis les voiles
Et le soleil s’effondre,
Régicide, au sein du conclave ;
Gasp dans un air salin ;
Insectes grignotent les murs,
Vert cristallisé par le gel.
Vivre par la boule de cristal, périr par le verre brisé ;
Verbatim.
Fouets de pluie
Fouets de pluie dans un ciel épais,
Voiles liquides comme étendards du vent ;
Faiseuse de veuves
Sur envolée de catadioptres.
Le temps s’est fait la malle,
Ronces silencieuses comme dents acérées
Grignotent une terre à l’haleine glacée ;
Photons immobiles ;
Cristallin d’une pensée résonne sourdement
Dans un plus que silence,
Clapotis clivé
Sur les berges fripées.
Épiphanie
Épiphanie d’une disparition…
Bruits assoupis,
Espoir infrangible,
Lame de lune rougie ;
Noirceur mâchonnée
D’une psyché assiégée ;
Rugit la bravoure
Au vent spectral ;
Gouttes fumantes,
Diplopie scintillante ;
Les voix s’étirent
Dans une épectase.
Peur contenue
Peur contenue
Fleurit la nuit ;
Pénombres aquatiques
Peuplées d’anatifes ;
Bouche de paille,
Éteule d’une servilité distante,
Rêveuse buée
Étranglée de givre ;
Pliée dans le sens du vent,
Bas sur l’horizon.
Gabion sous l’aube,
Je guette le rougeoiement.
Lune diurne à face cireuse
Lune diurne à face cireuse,
Craquelure de nuages ;
Un vieux soleil se hisse
Sur un après suri ;
Vase parme, paramécie,
Déjection de vesce bleue
Sur une sépulture de patience,
Chlorophyllien étouffé de crépuscule ;
Vent charognard,
Dévore ces fantômes désœuvrés,
Écume neigeuse,
Ressac d’outre-monde !
Quolibets et anicroches
Quolibets et anicroches,
Trilobites d’un monde déchu ;
De certitudes en mièvrerie
Vaquent les ombres inquiètes ;
Rayon de lune aux paupières
Fond en un glaçage galalithe,
Nappant le paysage pétrifié ;
Flots lourds de paroles…
Crépite la pluie sur le cuivré des trottoirs,
Résonance de tous les combats ;
Ambré d’hubris,
Un arbre dénudé grésille.
Naphte incandescence
Naphte incandescence…
Au fournil du cœur,
La pâte pétrie de l’esprit
Trouve quelqu’un à haïr ;
Blanche gelée poudre les ombres,
Amour en déshérence,
Lumière butyreuse
D’une nostalgie anatife ;
Sur l’iridescente promesse
de rapines vagabondes ;
C’est l’au revoir venteux
À un estran aveugle.
Visages cabossés
Visages cabossés
Éructent une complainte,
Résonance d’âmes
Aux cadenas rouillés ;
Copeau de lune,
Échappé d’astre écarlate,
Nuages amarrés à la tourbe,
Dérive mon vaisseau de brume…
Dans la tiédeur crémeuse,
Paisible argenté du carillon,
Gémit le malengroin,
Ciel creusé, à la cime des cyprès.
Fi des iniquités
Fi des iniquités,
Chicots d’une âme acariâtre ;
Douceur pusillanime
D’une opprobre endogène,
Élingueur de broutilles
Sous la rousse Séléné,
Aphorisme d’une trêve
En un abscons lancinant ;
Au ponton des fourvoiements
Je guette la calembredaine,
Houle badine,
Regimbe d’euphorie.
Psittacisme
Psittacisme d’une vie empêtrée
Ourlée de stupéfaction,
Réflexion marbrée de sophisme,
Avanie d’une existence en suspens ;
Viride brouillard
Au lacis de la conscience,
Dissensions belliqueuses
D’un torve et vain reproche ;
Flotte un têtu parfum arachnéen,
Béatitude d’un imaginaire circiné
Où s’épuisent mânes et sempiternelles,
Gibbeuses meurtrissures de vindicte.
Sémillants souvenirs
Sémillants souvenirs,
Adjuration de tendresse
Sur une sépulture de chromatides ;
Truisme jubilatoire…
Utopie de nostomanie,
Ladre sérendipité…
Suintantes propitiations,
Sardonique frilosité ;
Anaphase consommée,
Levons l’anathème ;
S’épanouissent billevesées,
Élucubrations et Sornettes !
Instant gravide
Instant gravide
Au temps grenu,
Vision chlorotique
D’un automne carencé ;
Babillards braillards
D’une course sans fond,
Escadre perdue
En un brouillard épais ;
Je me fais boute-feu,
Rodomontades au fleuret ;
Ligneuse, sous la voûte ignée ;
Félonie d’un espoir impavide.
Falotes goguenardises
Falotes goguenardises,
Prolégomènes d’un récit sans saveur,
Élégiaque exhalation
D’une hydre opiniâtre ;
J’ai tamisé la fenêtre de peccadille,
Assourdi la clepsydre ;
La gouttière crevée morigène,
Coudoyant le crépusculaire…
Une coulée de soleil
Occultera le brumeux histrion ;
Sacolève, fleur de talipot,
Me ravisse à la rousseur citadine !
Agitation au Pandémonium
Agitation au Pandémonium ;
Forteresse d’ombre
Nous voit girer,
Vains et fébriles ;
Sonne le vide sous les pas ;
Anaglyphe d’une quête
Aux fins austères ;
Fuyons la peignée !
Vive la faribole
D’un bonheur intestat ;
Hourra aux galvaudeux ;
Valeureux lumignons de la belle oisiveté.
Morguienne
Morguienne !
Rogomme vive ;
Donne de la couleur
Et de l’audace au prote !
Fangeux récit
D’un éveil heureux ;
Hoquet misérable
Du poulpe prodigieux ;
Morphée me ferait-il l’aumône,
Mendigote que je suis,
Je plongerais voluptueusement
Dans la gouleyante nuit.
Toueur des souvenirs
Toueur des souvenirs ;
Résonance de tambour
En eau trouble ;
Voyez, la machine tourner…
Brûlantes escarbilles,
Litanie nécromante
Que le vent d’automne
Éparpille ;
Soleil jeune
Embue mon fenestron
D’une vision apocryphe ;
Gidouillesque haussière.
Heures claires
Heures claires
Me trouvent éccéité ;
Couleuvres en vent coulis
Endormies sous la cendre ;
Fi d’algarades
En ma Thébaïde
Flotte mon calicot ;
HaHa, muscadins !
Scotome de l’âme
À tarasques acoquiné ;
Voyez, fourmis de lumière ;
Ces pénombres évanouies devant ma porte ouverte.
Birbes et haridelles
Birbes et haridelles,
Vélocités ophidiennes ;
Monte la clarté mauve
De votre ignition ;
Fraîcheur de résine,
Lointains d’aquarelle ;
Passe l’échassier mélancolique
En la brève clairière ;
Corolles closes, têtes fripées
Des grands soleils ;
Ces douceurs euphoniques
Bâillonnent vos objurgations.
Auspices fluctuants
Auspices fluctuants ;
Désert rugissant d’averses ;
Tel le mendiant orgueilleux
Dégustant sa tartine de miel,
J’écoute s’écouler la diatribe
En rubéfaction sporadique
Déchirant la nue du zénith à l’horizon,
Suspendue à un bout de nuage ;
Le roulement devient sourd ;
Je sinapise ma plaine aride ;
Apaisement de cascatelle ;
Qu’il est bon de rire !
Léger sillage d’échos
Léger sillage d’échos,
Rumeurs lointaines et obsolètes
Bruissent encore
à la lueur des crassets ;
Méphitique stagnation,
Endormissement stercoraire,
Dodelinent au gré de ma phantosmie,
Voici venir la brise ;
Masselote de mes gamberges,
Rostres de mes envies,
Revigorent l’orichalque
Dans ce foisonnement d’aristoches.