Vous pouvez découvrir ici des poèmes en vers libres écrits par Frédérique Torrès, metteuse en scène de l’atelier théâtre-spectacle Les Dérisionnaires. Ces poèmes sont également à retrouver en ligne sur sa page Facebook : Frédérique Torrès-Théâtre
Trilles hachées
Trilles hachées,
D’un écrasant été,
Écarlate touffeur ;
S’oublie le cœur,
Silence à l’antienne,
Graphite mémoire
Sourde sa plainte ;
Inspirante spirale
De belle anomie,
Grignotage d’insectes,
Céphalique vespertine.
Estourbie par l’éclair
Estourbie par l’éclair,
À une larme de l’oubli,
La plainte assoupie
Roule sa vague,
Distraite apophase
À une monotonie
Sans profondeur
Et sans fin,
Corps rougeoyant
Au souffle d’anomie ;
Célérité d’oxymore
Distille sa rémanence.
Oisif cristallin
Oisif cristallin
Fauche la lumière
D’une aube affaiblie,
Lande estourbie ;
Aux aboiements
Du courroux,
Lambeaux d’arbres
En dentelle de jusant,
Parade et daube
Un monde rétréci,
Temps cadenassé
Peut tout le mal.
Fouisse la corneille
Fouisse la corneille
Dans une terre trop rouge
Où la vision s’éclabousse,
Passe le rémouleur ;
Épithalame aux jasants,
Spectres vermeil
D’une âme trop pâle
Et d’un noir tourment ;
Larme pharisaïque
S’oublie au pli de chair,
Un bonheur ubiquiste
Fait bruisser la ramure.
Scélérate anaglyphe
Scélérate anaglyphe
D’une nuit sans relief,
Mauve effluve
D’âcre bouderie ;
Coulée d’ambre
Dans la sébile,
Douceur de miel
Au creux du fer blanc,
Les ténèbres vacillent
Au lacis de l’esprit ;
Battement de tambour,
Galop d’hircocerf.
Dans le serpolet alanguie
Dans le serpolet alanguie,
Soliloque de matin perlé,
Fourbi abandonné à la rouille
Qui sans vergogne gloutonne ;
Fourbue, aux rides de l’âme,
Inférence d’un corps engourdi
Que l’abandon apaise,
La mémoire s’égoutte ;
Anamnèse d’inique combat,
Sulfureuse passerelle ;
Glapit une gracile colère
Moirée de blanche lune.
Rivière de lune
Rivière de lune,
Terre de fumée,
Mousse lacrymale aspirée
Par noble obligeance ;
Capsule de brouillard,
Chiures de Monde
En flocons de cendre
Sur ma mémoire ;
Rire au vent
Comme semonce au temps,
Pause chaloupée,
Graine d’astringence.
Gaze d’intemporalité
Gaze d’intemporalité,
Argutie d’une âme tourmentée,
Dictame aux plis de la pensée,
Chétive campanule ;
Fines écorchures
Dans le calme
D’un ciel soucieux,
Étonnement de la peine ;
Regard liquide de girafes,
Diatomées accrochées
Comme pampilles de rouille,
Dans une langueur de pluie.
Distropie du souvenir
Distropie du souvenir,
Mystérieuse doline,
Joie fêlée
Au bord des cils ;
Grêlons vermeils
Sur pupille dilatée,
Estacade à l’intime
Dans une eau plus noire ;
Blandice de dupe,
Harangue d’orgueil,
Tapage fatigué
Dérive vers l’oubli.
Anicroche d’intolérance
Anicroche d’intolérance
Sur la gaze ténébreuse
D’un esprit belliqueux,
À rebours d’intemporalité ;
Ether hypnotique
Bruissant d’antophiles,
Papilles douloureuses
Au crépuscule urticant ;
Anthropomorphisme
D’un univers perdu
Entre rire et larmes,
Nauséeuse uchronie.
Rougeoiement
Rougeoiement de lame solaire ;
Coiffée de douceur
Coule la cité
Dans le caniveau ;
Tendresse à l’oreille,
Flaque rose sur macadam ;
Pulsations apaisées
Dans l’infâme fatras ;
Le monde s’ébroue,
Éclaboussant de gris
Le tulle praline
De vilaine salissure.
Pelisse souris
Pelisse souris
Lisse, un peu triste,
Plus rêche que douce,
Illusionne l’espoir ;
Affamé de douceur,
Chatouillis audacieux
Sur encéphalogramme plat ;
Cacosmie de long hiver ;
Sarcasmes étouffés,
Rire comme bouquet d’épines,
Perle joliment de carmin
Un front vallonné de rides.
Incurie de paresse
Incurie de paresse,
Idées noires pointées ;
Maléfique ribambelle,
Tourne la manivelle ;
Bucolique rêverie,
Belle endormeuse,
Poudre de blanc
La sombre folie ;
Scélérat portefaix
Fait diligence,
Sulfureuse Némésis,
Cénotaphe de vague à l’âme.
Dodu comme du miel
Dodu comme le miel,
Coulure d’or sur l’ombre
De sombre aséité,
Folie d’aigre tropisme ;
Regard fatigué des ribauds,
Mollesse de long sommeil,
Dodelinent d’abandon
En leur minéral linceul ;
Surgi en volutes
De livide litanie,
Âge climatérique
Dissous l’acrimonie.
Sous un ciel de lait
Sous un ciel de lait
Sevré de mystère,
Fadeur d’une clarté
Sans le bleuté de l’ombre ;
Grêle aux sourires vagues,
Moue blême de dive proscrite,
Silence de ravine
Dans un brouillard qui s’essore ;
Cœur lassé est amène,
Pitoyable à la douceur
De soins redoutables ;
Vapeurs vacillantes du soir.
Usure moussue
Usure moussue,
Apophatique couleur
Dans la grisaille,
Berce sa mélancolie ;
Hagiographie saugrenue
D’elfes en errance ;
Huis de triste anthropocène,
Vertige d’altérité ;
Géminées silhouettes
Épaissies d’obscurité,
Accordent leur courroux
Dans l’indicible fatras.
Rousse craquelure
Rousse craquelure,
Furieuse poussière
Ensanglante le fleuve
d’Incandescente majesté ;
Sous le feu d’un astre
Revenu du néant ,
S’écoule en filet de sang
L’incarnadine exubérance ;
La lune s’émeut
De tant d’afféterie ;
Le cœur s’écœure,
Misérable nostalgie.
Sombre mousse
Sombre mousse,
Douceur d’asphodèles
Dans le cunéiforme
D’une écriture
Où la pensée s’égratigne ;
Bavant à l’écume,
Souvenir hirsute
D’éprouvantes ruées
Aux cuivres du couchant ;
Rage incrémentale,
Autodafé saugrenu,
Le sournois fourbu
S’érode aux buées.
De flagornerie
De flagornerie
En acrimonie,
L’écheveau
Se dissout ;
Du Nadir vers l’indigo,
Pâle viennoiserie
Piquée au zénith,
Reste d’agapes nocturnes,
Facétieuse houle
Noie la vulgate
Dans son impéritie ;
Vulnéraire divagation.
Mines patibulaires
Mines patibulaires,
Verruqueux sarcasmes,
Bistre inanité d’un
Cœur belliqueux ;
Aigre impéritie
Du triste nicodème,
Cocasse cacosmie
De couardise,
Je vous abandonne
À votre aséité ;
Belle nonchalance,
Rire thaumaturge.